DD DORVILLIER
human future dance corps
Des questions sous-terraines qui irriguent l'écosystème
de ma pratique artistique actuelle
Vestiges des murs de Dracy, Février 2022 © DD Dorvillier
Lorsque nous parlons de préservation, d'un site patrimonial par exemple, ou d'une danse, de quoi parlons-nous vraiment ? Que préservons-nous réellement ? Et jusqu'à quand ? Et pour qui ?
Le site archéologique du village médiéval abandonné de Dracy est bien connu des habitants de la commune de Baubigny. Il se trouve sur un chemin reliant les quatre hameaux qui composent Baubigny, dont Evelle, où j'habite. De La Corvette (le studio de danse qui se trouve dans mon jardin), on peut rejoindre Dracy à pied en 15 minutes. Et de Dracy, on peut voir La Corvette, qui fait partie d'un paysage de maisons, de forêts, de champs et de vignes. Je me rends souvent sur le site, parfois j'y danse, parfois je m'assois simplement sur un vieux mur pour écrire et rêvasser.
Le site est semblable à un jardin. Ses pierres, ses murs, sont souvent ensevelis sous une épaisse végétation de lierre, de mûres, d'orties, de mousses... Deux fois par an, la mairie de Baubigny organise un samedi matin de nettoyage, réalisé par des villageois bénévoles. C'est une matinée de travail joyeuse, où l'on découvre avec ses voisins les contours des anciens murs, maisons et chemins. Arracher tant de végétation inoffensive et de biodiversité luxuriante me met mal à l'aise. Pourtant, une fois le défrichage effectué, on réalise l'importance du site, sa présence en tant que témoin d'un autre mode de vie humaine, à la fois semblable et si différent du nôtre. Les vestiges des murs de pierre témoignent du travail des mains et des corps qui l'ont construit.
La question de la préservation contient ici une forte contradiction. Je considère que mon travail actuel est avant tout une OBSERVATION, puis la recherche de moyens pour négocier ces forces apparemment opposées de la nature et de la culture. Comment nourrir des situations dans lesquelles une sensibilité n'a pas besoin d'éradiquer l'autre pour exister ? C'est un véritable projet au long cours.